lundi 30 novembre 2009

Les Larmes de la Flûte (II)

Seconde et dernière partie de 'Les Larmes de la Flûte'=')

Fou de chagrin, la nuit tombée. Il s’assit dans l’herbe et sortit sa flûte. Elle n’était pas comme ces flûtes normales. Non ; le bec était plus fin ; il y avait six trous, un du côté opposé des cinq autres ; elle était sculptée, sur l’ivoire pâle on pouvait voir des dessins de femmes, nues, le visage triste, comme si elles pleuraient. Le jeune homme ayant perdu la raison, il s’empara de la flûte et, poussé par un étrange instinct, il souffla dedans.
C’était une mélodie triste, douce et mélancolique. Elle résonna dans toute l’île. Les habitants étaient paralysés, personne ne pouvait bouger. Ils restaient béats, écoutant la glaciale musique. Menial se leva et marcha en dansant, le son de la flûte ne s’arrêtant pas. Chaque note était une petite larme qui tombait et qui restait incrustée dans les mémoires, une goutte qui tombait dans un puits et qui ne s’écrasait jamais au sol. C’était comme si la déesse de la musique et la démone du chagrin s’étaient unies. On ne sentait aucun sentiment de colère dans la mélodie. Juste une tristesse blanche et pure, preuve de son cœur noble. Il se demandait si c’était vraiment lui qui produisait ce son merveilleux et profond. Il marchait à reculons, les yeux fermés devant les villageois.
C’est alors que surgit d’un buisson, le Péki Péki ! Lui aussi avait les yeux fermés. Devant les gens incrédules, le démon dansait en suivant Menial, restant à une dizaine de pieds de distance. Il était hypnotisé. Conduit par une voix douce et féminine, Menial continuait de reculer, Cette fois ce n’était pas lui qui commandait ses pas. Il s’abandonna au triste fantôme qui possédait son esprit. Il lui semblait que c’était la flûte qui lui parlait, elle glissait des mots dans sa tête, lui racontant son histoire aussi triste que la sienne. A deux ils décidèrent ensemble de se sacrifier.
Il pénétra dans une sombre caverne, le monstrueux chienchien le suivait toujours, hypnotisé par la musique. Le son de la flûte retentissait encore, s’avançant de plus en plus profondément dans les cavités de la grotte. Les habitants de Feudala espéraient ne jamais entendre l'instrument s’arrêter. Ils savaient que quand le Péki Péki se réveillerait, sa colère allait être terrible. Dire qu’eux aussi étaient hypnotisés et qu’ils ne pouvaient pas bouger. Malheureusement, le morceau touchait à sa fin. Une fois jouée et terminée la dernière note, il y eut un éboulement. Enfermés, pour toujours. Les effets magiques de la flûte disparurent. Un hurlement se fit entendre dans tout le Monde des Douze. Ce n’était pas seulement le Péki Péki qui criait mais aussi Rushu, fou de colère qu’il ait échoué et que sa création démoniaque soit entravée.

Depuis la grotte est gardée. Des systèmes ont été installés pour pouvoir s’avancer dans la caverne sans tomber sur le monstre. Il y a eu beaucoup d’explorations. On ne trouva jamais les ossements de Menial, ni sa flûte d’ivoire. Personne ne sait ce qu’il est devenu. Aussi, quand vous entrerez dans le territoire du chienchien à tête de monstre, pensez d’abord que c’est un sanctuaire en l’honneur de Menial et une preuve de la cruauté de l'amour et de la jalousie.


Xano-Linkan, Maître Conteur

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